JOURNAL D'UN FESTIVALIER
: Extraits
Mercredi 27 mai
HILLIARD ENSEMBLE
Leur premier concert en
France avait eu lieu en 1979 dans cette nef.
Paul Tortelier les avait
recommandés au président d'alors, son ami Patrick
Chatelin qui eut le bon goût de les inviter en 1979 puis en
1982.
Il en restait 2 qui
avaient fait le premier voyage. En ces temps là leur
répertoire portait uniquement sur le domaine médiéval
et anglais avec une prédilection toute particulière
pour le temps des Tudor.
Depuis ils ont acquis une
célébrité mondiale, leur collaboration avec le
compositeur estonien Arvö Pärt, le saxophoniste
norvégien Jan Garbarek connurent un succès bien
au-delà du petit marché du classique.
Le programme subtil
intitulé Arkhangelos donné ce soir là devant une
public nombreux et attentif , mêlait savamment médiéval
et contemporain ,tradition occidentale et arménienne.
L'acoustique était
parfaite pour cette musique aux harmoniques parfois étranges.
De plus amples explications dans le programme eussent été
bienvenues.
Jeudi 23 mai
LONDON HAYDN QUARTET
Ce quatuor est talentueux
et sérieux.
Mais les œuvres de Haydn
choisies, Quatuor Op 64 N°1 et le N°4 de l'opus 50 m'ont paru
un peu ennuyeuses.
Comme la plupart des
musiques anciennes, hors celles destinées à une
cérémonie, ce sont des compositions plus faites pour
le plaisir des instrumentistes que celui des auditeurs.
Cela a permis d'admirer
l'art de la bouquetière attitrée de Saint-Savinien,
madame Christiane Texier, alors que le temps inclément avait
réduit le choix dans les jardins, elle réussit des
compositions particulièrement élégantes. La robe
très anglaise de Catherine Manson premier violon du quatuor
appelait, elle, des commentaires plus amusés que louangeurs.
Eux, si policés,
trouvèrent la sauvagerie nécessaire pour aborder le
quatuor N°16 en fa majeur de Beethoven .
Je ne sais si les
membres du London Haydn Quartet ont lu l'abondante glose autour de ce
quatuor, leur lecture en respecta toutes les tempêtes et tous
les apaisements.
Mais pourquoi donc le
public souhaite-il que l'on ajoute un bis, qui, forcément,
nous arrachera à l'enchantement.
Vendredi 24 mai
ENSEMBLE VOCAL DE
L'ABBAYE AUX DAMES
Ce chœur de Saintes a
longtemps rassemblé sous la conduite de Michel Laplénie
les meilleurs chanteurs amateurs de la région. Ce temps semble
révolu.
À la grande
surprise et au désappointement d'une partie du public et de
l'organisateur, c'était l'ensemble Mensa Sonora qui assurait
la partie orchestrale; le même concert fut donné sous
cette bannière dans un bourg voisin peu de jours après.
De telles pratiques sont à la hauteur du talent déployé
lors de cette soirée, très petites.
Pour éviter aux
mélomanes de tels déboires, les organisateurs feraient
bien d'isoler dans le programme ce qui relève de la pratique
amateur, ainsi cela éviterait à ceux qui ne se font pas
l'obligation de se faire écorcher les oreilles par une
belle-sœur ou un neveu, confrontés à des compositions
qui dépassent leurs compétences, une calamiteuse
soirée.
MARDI 28 MAI
TRIO DALI
Ils respirent la
complicité, l'amitié, la sympathie. Ce sont de
merveilleux musiciens. Ce sont des virtuoses accomplis mais jamais la
musique ne se « perd dans les eaux glacées du
calcul égoïste *»
Après un début
un peu hésitant dans le Notturno OP148 D.897, qui me semble
plus constituer un bis qu'un incipit. Ce fut un enchantement .
Dans Brahms et dans
Fauré, ils surent emporter le public dans les méandres
de partitions dédaignant tout effet facile.
Dans un trio le plus
difficile à atteindre est l'équilibre et en ce domaine
ils n'ont rien à envier au mythique Beaux Arts Trio.
Ce soir là, aussi
le bis qu'ils n'avaient pas envie de proposer m'a semblé
superflu.
Une soirée
magique.
* C'est du Marx !
vendredi 31 mai
THOMAS DUNFORD .
Thomas Dunford est un
enfant du baroque, ses deux parents sont des violistes réputés.
Pas étonnant, si, après son choix du luth, ses
professeurs furent les les meilleurs : Hopkinson Smith à Bâle
, mais aussi Rolf Lislevand, Eugène Ferré et Paul O'
Dette.
De ses maîtres il a
obtenu une technique sans faille mais en outre, il a su installer sa
propre respiration de la musique.
Sous ses airs d'un jeune
homme timide (né en 1988) il sait faire preuve d'autorité
, il en faut quand on joue d'un instrument ,un archiluth ce soir là,
qui ne peut envouter par la puissance du son.
Il sut, en quelques mots
présenter chaque pièce situer ce compositeur en son
temps
Ce récital Dowland
fut un subtil moment de musique.
Lundi 3 juin
FRANÇOIS SALQUE /
VINCENT PEIRANI
Ils sont phénoménaux!
Les superlatifs vont
manquer , le public subjugué leur fit un triomphe les
acclamant longuement debout!
Je n'ai pas le souvenir
d'une telle ovation dans la nef.
Pierre Boulez, plutôt
avare de compliments a dit de F.Salque : «
"la
sensibilité et la noblesse de son jeu" alliés à
"un charisme et une virtuosité exceptionnelle »
Quant
à Peirani, il lui faut bien ses 2mètres 06 pour ne pas
être noyé, avec son accordéon sous les éloges
et les prix qu'ils viennent du monde du jazz, du classique,de la
musique de film.
Cette
rencontre est fascinante même souci du timbre, de la mélodie,
du rythme, jamais le moindre effet racoleur et pourtant ils vous
emmènent d'Europe centrale en Amérique du Nord ou du
Sud en passant par Paris,des musiques savantes aux musiques nomades.
Comme
Pablo Cazals Salque a terminé sur le traditionnel catalan Cant
dels aucels sublimement accompagné par Peirani
Paul
Tortelier a trouvé sa réincarnation!
Nous
avons tous envie de crier encore !
Mercredi 5 juin
MARC
BENHAM PIANO JAZZ
Martial
Solal a écrit de lui: « Véritablement nourri
de toute l'histoire de la musique de jazz, Marc Benham possède
à un très haut niveau toutes les qualités
attendue d'un authentique musicien : technique, feeling, sens
harmonique et invention mélodique. Il a su incorporer dans son
langage, pétri de tradition , toutes les avancées des
styles qui ont suivi. Un vraibeau pianiste tel que je les aime. »
Qui sommes-nous pour prétendre autre chose ?
C'est
avec ce concert que s'acheva l'édition 2013 du festival. La
métaphore est galvaudée , mais que dire, sinon que 2013
fut un cru exceptionnel, salué par un belle fréquentation
du public.
Illustration : Victor Hugo Gavroche ; La ressemblance avec Pierre Fourchonneret violoniste du Trio Dali est frappante!
2 commentaires:
Si Monsieur Fouchenneret -que je ne connais pas- vous lisait, il serait sans doute malheureusement surpris de voir à quoi il ressemble, d'après votre regard, et comment son nom a été écorché.
Sans rancune cependant
Je suis désolé pour l'"r" ajouté.
Quant au rapprochement avec le Gavroche il n'a rien de déshonorant, et je ne fus pas le seul à y penser.
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