JOURNAL D'UN MÉLOMANE
EXTRAITS
Ce dimanche 18 octobre au théâtre auditorium de Poitiers, dans leur jardin, du piano J.F. Heisser a dirigé l'orchestre Poitou Charentes dont il est le directeur artistique les 5 concertos pour piano et orchestre de Beethoven.
, JF. Heisser est un grand pianiste Il a un beau son, rondeur et subtilité du modelé, une virtuosité sans affèterie mais il s'est imposé un défi que peu, à ce jour, ont relevé, l'aventure fréquente avec les concertos de Mozart est plus rare avec Beethoven .
Le cumul des deux fonctions évite l'affrontement entre le chef et le pianiste même si parfois la confrontation, comme l'échange donne des moments musicaux sublimes.
Diriger J.F Heisser en tant que soliste à la tête de son orchestre Poitou Charentes en a placé plus d'un, même expérimentés , nous y avons assisté, en position inconfortable, saluons donc le choix fait.
Dès les premières mesures on sent une volonté, un engagement sans faille des protagonistes et un souci de précision dans la direction Tout le monde est poli on déroule un voluptueux tapis au soliste qui a son tour dialogue avec élégance avec les instruments l'excellent hautboïste* (F..Grauvogel) entre autres .
J.F Heisser a su préserver ce parfum d'improvisation qui affleure dans la partie de piano. Lors de la création, c'est l'élève de Beethoven, Ferdinand Ries qui devait tourner les pages du maître, il fit une drôle de tête quand il vit que la partie de piano était resté e blanche ou remplie de hiéroglyphes incompréhensibles
Dans le 4eme concerto c'est le piano qui entre le premier et grâce à cette merveilleuse introduction c'est un climat poétique qui baignera tout le concerto.
Entre le soliste et l'orchestre l'équilibre fut parfait, trop habitués aux corrections des ingénieurs du son, on oublie trop souvent le travail et le soin que la performance exige,
Pascal Dusapin me disait un jour que dans ses concertos Beethoven avait résolu des problèmes entre l'individu et la société devant lesquels les politiques restaient sans imagination.
L'option choisie à Potiers a affaibli la violence du dialogue, atténué les tensions ; dans le 5eme faussement dit l'Empereur j'aurais aimé une confrontation plus âpre, une matière orchestrale plus sculptée dans les détails.
On retrouva cette violence beethovénienne dans l'ouverture de Coriolan jouée à un tempo d'enfer.
De ce marathon nous retiendrons la performance elle même et quelques moments de grâce musicale pure.
*Une telle aventure n'est possible qu'avec un engagement total des solistes du premier violon et des chefs d'attaque, il me semble qu'on aurait pu annoncer leur nom dans le programme plutôt que de répéter indéfiniment la longue et prestigieuse, il est vrai, biographie de J.F. Heisser .
Nous aimerions aussi qu'y figurent clairement les mouvements,le tempo, les compositeurs des cadences et des explications moins pédantes Ex le Beethoven hégélien ...