jeudi 24 avril 2008

ÉMISSSSION DU 25 AVRIL 2008


1° SCARLATTI K 210 par SCOTT ROSS
andante en sol majeur

Une sonate monothématique extraite du manuscrit de Parme.


2° MOZART Fantaisie en ut mineur K 396 ALFRED BRENDEL

Cette fantaisie commencée en 1782 a été abandonnée par Mozart et complétée avec talent par l’abbé Stadler.
L’autographe inclut 5 mesures avant la fin de la première partie une énigmatique ligne de violon, ébauche d’une sonate ?
Un très bel enregistrement de la période « Vanguard » de ce pianiste.

HAYDN quatuor à cordes N° 2 OP.76 N° 2 QUATUOR MOSAÏQUES

Andante o piu tosto allegretto § Menuet

Les deux mouvements centraux de ce quatuor dit « les quintes » dans la magistrale et néanmoins chaleureuse proposition de Christophe Coin et de ses collègues viennois, lui est basé en Haute Vienne .

VILMORIN/POULENC C’est ainsi que tu es M.PIQUEMAL /C. LAJARRIGE


Un beau poème tiré des Métamorphoses mis en musique en 1943.
Louise de Vilmorin est un écrivain et un grand poète méconnue, misogynie et agacement devant la mondanité.

Pourtant quelle virtuose pour votre plaisir ces palindromes
L’ami naturel le rut animal.
À l’étape épate la !

Ilustration :Parisiennes à une terrasse sous l'occupation Zucca

mercredi 16 avril 2008

ÉMISSION DU 18 AVRIL 2008



1° SCARLATTI K 209 par SCOTT ROSS
allegro en la majeur.
Un pendant allègre et entraînant en forme de jota endiablée de la 208.
Souvent, les présentateurs d’émission par paresse, par manque d’imagination, mais aussi parce que cela plaît aux auditrices et aux auditeurs n’hésitent pas à utiliser les mêmes recettes en changeant quelques ingrédients

2°G.BIZET les pécheurs de perles : Ah cette voix… je crois entendre encore ROBERTO ALAGNA Orch. Opera royal de Covent Garden Dir. Bertrand de Billy.

Un des airs les plus difficiles du chant français.
3)Le même par JOSHUA BELL Violon Orch. de Saint Lukes Dir.MICHAEL STERN


4)CHOPIN Sur un poème de WITWICKI À ma bien aimée
LEYLA GENCER /NIKITA MAGALOFF

5) La TRANSCRIPTION du même par LISZT . LEIF OVE ANDSNES
Ce jeune pianiste est en train d’éblouir tous les mélomanes, Herreweghe rêverait d’enregistrer les concertos de Beethoven avec lui …

LISZT Liebesträume N°3 LEIF OVE ANDSNES.
Un autre extrait de ce très agréable CD Horizons (EMI) consacré par le jeune maître à ses bis
.
ILLUSTRATION MAN RAY
Pour celles et ceux que la lecture sur écran ne fatigue pas un chef d'oeuvre de la nouvelle :


Le Piano droit
par
Jean de LA VILLE DE MIRMONT
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Mlle Céréda déménageait.
Elle avait fixé ce samedi-là depuis longtemps, mais négligé de fixer une heure au voiturier.
Dès l'aube, elle se tint prête. A midi, elle déjeuna d'un peu de charcuterie, comme en voyage ; le soir, son estomac fermé refusa toute nourriture. Au long de cette journée, vouée à l'inquiétude de l'attente ainsi qu'au malaise du provisoire, chaque pas dans l'escalier lui fut une espérance et chaque coup de sonnette une désillusion. Il faisait nuit lorsqu'elle vit, n'y croyant plus, deux inconnus s'arrêter sur son palier, la casquette à la main, trop polis pour des gens sobres.
Le mobilier de Mlle Céréda n'était pas composé de ces bibelots charmants et compliqués qui serviraient à réaliser - s'il se pouvait - notre rêve familier d'un intérieur élégamment et intimement Louis XV. Aussi tout se passa-t-il vite. Ne laissant après lui que quelques brins de paille éparpillés, le déménageur s'en fut dans les rues obscures, ballotté derrière un cheval, qui, s'il n'eût pas été blanc, aurait décemment convenu à des funérailles d'indigents.
Mlle Céréda suivait, résignée, le convoi ; le souffle nocturne gonflait sa jaquette beige, de la race des vêtements fidèles qui meurent, mais qui ne se rendent pas, même sur le corps amaigri des vieilles demoiselles, professeurs de musique de chambre. Les deux déménageurs, qui, après tout, avaient le vin très doux, rétablirent dans la demeure nouvelle tout le confort qu'ils avaient détruit dans l'ancienne. Une bougie, fixée sur le marbre trop bien imité de la cheminée et reflétée dans le halo d'une glace qui en avait vu bien d'autres, éclaira leur travail habituel. Ils revissèrent le lit, déballèrent la toilette et calèrent la commode dans son coin ; puis, en personnes qui s'y connaissent, ils distribuèrent les chaises et pendirent au mur un agrandissement photographique rehaussé de fusain, image très ressemblante d'un défunt indifférent.
Il ne restait plus que le piano, confié en bas à la vigilance du cheval triste. C'était un piano droit destiné depuis les origines à enseigner des airs de mazurka au petit commerce parisien. Des passants attardés et les clients du bar voisin regardaient le cheval et le piano à la clarté d'un réverbère : «Il faut être musicien pour déménager à pareille heure ! Ces artistes ne peuvent jamais faire comme les autres».
Saisi enfin par quatre bras vigoureux, le piano, heurté contre le bord du trottoir, rendit un son bien en harmonie avec cette soirée d'automne et qui pénétra profondément dans l'âme de Mlle Céréda. Mais à peine disparus sous les portes de l'immeuble, les porteurs débraillés du correct instrument de musique réapparurent avec leur fardeau, pour expliquer, non sans quelque verbiage, que vu le peu d'ampleur des tournants de l'escalier, il leur serait impossible de venir à bout de leur entreprise par les moyens ordinaires.
Cependant, la pluie que les journaux du matin avaient annoncée à leur quatrième page, en même temps que la fête à souhaiter, se décida brusquement. Il convenait donc de prendre un parti au plus vite. Chacun donna son avis et prodigua ses conseils. Seule, Mlle Céréda ne fut pas écoutée. On s'en remit, en définitive, à l'opinion du concierge, dont la compétence était généralement reconnue dans le quartier. Il n'hésita pas à prescrire le système audacieux des palans et des câbles. Du geste, il indiquait une fenêtre mansardée du cinquième étage, perdue dans l'ombre.
On convint du lundi pour la date de l'opération. Le piano droit reçut un abri dans la loge, et vers les minuit, Mlle Céréda put prendre possession de son logis où la bougie s'éteignit, après un dernier spasme, dès que la porte fut refermée.
Le lundi matin, les deux déménageurs, accompagnés d'un charpentier, d'un serrurier et du concierge, directeur des travaux, se présentèrent de fort bonne heure. Ils portaient des poulies, des cordes et des poutres. La vieille demoiselle les reçut, auprès d'une malle entr'ouverte, comme elle achevait à peine de rajuster ses mèches grises sous son bonnet.
Les préparatifs durèrent jusqu'à midi... On eût dit que Mlle Céréda, après avoir fait enlever le châssis de la croisée et desceller le modeste balcon de fonte, voulait établir à sa fenêtre un appareil de balistique renouvelé des guerres de l'antiquité. Le piano quitta le sol et s'éleva avec aisance, au rythme des «oh ! hisse !» scandés par le concierge. Sa grande ombre balancée piqua la curiosité de l'atelier de modes de l'entresol, «Au Caprice des Dames» ; elle causa quelque surprise à la jeune bonne du premier, qui, née loin du tumulte des métropoles, avait gardé de son enfance un visage facilement émerveillé ; elle troubla dans ses travaux la sage-femme du second et donna le vertige à tous les locataires des étages supérieurs. Mais une fois à bonne hauteur, le piano, de quelque manière que l'on s'y prît, placé de face, de profil, ou de trois-quarts, verticalement, obliquement ou horizontalement, ne put pénétrer par l'orifice prévu et dut redescendre avec d'infinies précautions.
Dès lors et pour longtemps, le «home» de Mlle Céréda se trouva transformé en un chantier sonore du bruit des outils et du chant mâle des travailleurs. Le professeur perdit une à une ses dernières élèves de solfège. Un jour, pourtant, les maçons eurent élargi suffisamment la fenêtre et l'on put espérer que le piano irait reprendre sa place devant le tabouret à vis qui l'attendait à côté de la cheminée.
Ce jour-là, le résultat fut définitif, contraire à toutes les prévisions. Une corde céda au moment le plus critique et le meuble, claquant du couvercle et agitant désespérément ses bougeoirs de cuivre, partit tout droit rompre les reins aux deux chevaux pommelés d'un omnibus qui parcourait, ainsi qu'à l'ordinaire, la voie publique.
Nous renonçons à peindre le désespoir des parents... Quant à Mlle Céréda, elle passe actuellement pour la plus douce pensionnaire d'une maison de santé du Loir-et-Cher. On ne confie qu'à elle le soin de préparer le programme des petites fêtes musicales que ses compagnes ont accoutumé d'offrir à l'épouse du directeur pour le jour de son anniversaire.

vendredi 11 avril 2008

ÉMISSION DU 11 AVRIL


1° SCARLATTI K 208 par SCOTT ROSS
Adagio e cantabile en la majeur
« Une merveille s’il ne fallait garder qu’une sonate, je choisirais celle-ci. »
Alain de Chambure qui a été le maître d’œuvre de cette intégrale de 555 sonates par Scott Ross.
La même par PIERRE HANTAÏ. 3.27

« Jamais on n’aura vu compositeur s’éloigner à ce point de la pensée et de la manière de ses contemporains, comme sourd aux influences de son temps. » écrit Pierre Hantaï .

2)CHOPIN Wiosna (printemps) poésie de WITWICKI par
LEYLA GENCER /NIKITA MAGALOFF

Chopin a aussi composé des chansons polonaises, elles sont très difficiles et je ne suis pas sûr que cette version leur rende pleinement justice.
Mais après tout, ce printemps n’est pas fameux.
Liszt, comme il l’a fait pour Schubert, n’a pas résisté au plaisir de se priver de chanteur et il a choisi six des 19 chansons polonaises de l’opus 74 3)TRANSCRIPTION DE LISZT Par NIKITA MAGALOFF.

4)M. de FALLA Nana : duerme niño duerme MONSERRAT FIGUERAS

Une berceuse extraite de ce disque magique NINA NANA ( alia vox) que Madame Savall consacra aux berceuses, à offrir à toutes celles qui ont l’imprudence d’enfanter.

5)La même par JOSHUA BELL star mondiale du violon que nous avons eu le plaisir de recevoir lors d’un festival de Melle.

La dialectique entre musique savante et musique populaire est extrêmement compliquée et à mon sens, on ne mesure jamais assez ce que la musique populaire doit à la musique savante.
Il en est ainsi de ces chansons populaires anglaises recueillies dans une vallée perdue des États Unis où des colons les avaient préservées ; dans cette version Andreas Scholl leur donne à la fois la munificence et la subtilité d’une musique de cour.
6)ANONYME /Iwill give my love an apple § Blow the wind southerly ANDREAS SCHOLL § Orpheus chamber orchestra
Illustration : L'étreinte Aquarelle de 1901 ou 1902 de Picasso Elle s'est vendue récemment, je n'ai pas pu l'acheter...

jeudi 3 avril 2008

ÉMISSION DU 4 AVRIL


1° SCARLATTI K 207 par SCOTT ROSS
Allegro en mi majeur.
Cette 207 pourtant délicieusement chantante souffre de son voisinage avec la chopinesque 208.

Pour vous mettre d’une délicieuse humeur vous pouvez visiter l’exposition consacrée au plasticien belge Pascal Bernier par l’espace Rurart au lycée agricole de Venours près de Lusignan dans la Vienne, ou, écouter
2°) ROSSINI Sonate n°3 en do majeur I SOLISTI ITALIANI Ces sonates furent composées alors que Rossini n’avait que 12 ans en 1804.
Il écrivit lui -même, sur la partition conservée à la Bibliothèque du congrès à Washington : « Ces pièces furent composées alors que j’étais encore un enfant, avant même d’avoir reçu ma première leçon d’accompagnement . » Contrairement à Mozart, bien que fils de musiciens, son éducation musicale était loin d’être complète.

L’officielle guetteuse d’hirondelle du niortais me l’a fait savoir : elle en a vu une.
Même si une hirondelle ne fait pas le printemps on peut y songer :
3°) PIAZZOLA / M. TREJO Los pajaros perdidos BERNARDA FINCK / C.PIAZZINI

(les oiseaux perdus)
Par les mêmes un poème de J.L.BORGES El Tîtere.( le pantin)

Piazzola fut un élève de Nadia Boulanger avec qui il étudia le quatuor . Ils sont nombreux les compositeurs des deux Amériques qui firent le pèlerinage.
J’avais aimé la diva dans du baroque, ce disque consacré aux canciones argentinas chez Harmonia Mundi vaut le détour.
Pour tous ceux qui croient, en ces veilles de vacances, à l’utilité des voyages je ne résiste pas au plaisir d’offrir à leur méditation ce petit texte de Borges tiré d’Atlas (1984)

LE DÉSERT


À trois ou quatre cents mètres de la Pyramide, je me suis incliné, j’ai pris une poignée de sable que j’ai laissé tomber silencieusement un peu plus loin et j’ai dit à voix basse : »Je suis en train de modifier le Sahara. » L’affaire était mince mais dans leur banalité mes paroles étaient exactes et j’ai pensé qu’il m’avait fallu toute une vie pour pouvoir les prononcer. Le souvenir de cet instant est l’un des plus significatifs de mon séjour en Egypte.

En illustration perversion bipolaire de Pascal Bernier Un ours en peluche et un ours polaire naturalisé Commentaire de l'artiste : " la culture encule la nature"

Vous ne verrez pas cette oeuvre à Venours , non à cause de la censure, mais à cause du refus de prêt par la Communauté Française de Belgique malgré l'insistance de l'artiste.

http://www.pascalbernier.com/