lundi 9 février 2015

                                                           CARNET D'UN MÉLOMANE  


Vendredi 6 février 19 h. Moulin du Roc Niort
                                                           L'OREILLE DE PROUST

Mise en scène collective coordonnée par Farida Radouadj (Chant et récit )
Anne-Lise Gastaldi et David Saudubray (piano à quatre mains )

Je vous préviens , je vais être injuste.: on ne fréquente pas un demi-siècle durant, l'œuvre, la correspondance, la vie d'un écrivain sans avoir dans l'oreille une idée de sa musique, sans avoir ses marottes, ses fixations et sans considérer, sottement je vous l'accorde, ceux qui entrent dans cette œuvre comme des intrus qui viennent inutilement (quoique) bousculer vos représentations.
La musique des mots : On n'a pas gardé de traces enregistrées de la voix de Proust, mais pour moi, celle qui parle dans la recherche, c'est une voix d'homme, l'entendre lire par une femme m'a toujours semblé une erreur de tessiture, pourtant, je dois bien l'admettre, la manière de nous donner les extraits de Sodome et Gomorrhe II 2 qui décrivent une scène entre la snob madame de Cambremer, née Legrandin, sa belle-mère la vieille marquise douairière musicienne férue de Chopin et le narrateur est un sommet qui balaie toutes les réserves. La verve comique de Proust y est rendue avec un rythme, une verdeur que l'on ne trouve que dans les sketches de nos plus grands comiques (j'ai pensé à Philippe Caubère évoquant Ariane).

Dans le choix des textes je me suis irrité de la présence du trop connu passage de la madeleine, mais fort justement mon ami Pierre Lacore m'a daubé : Couillon ! Tu te priverais d'un mouvement de la neuvième de Beethoven au prétexte qu'il est sur toutes lèvres ?
Farida Radouadj est magnifique diseuse ou chanteuse, et fit merveille dans les chansons de Mayol, chanteur populaire ambigu, très prisé de Proust et de son ami Reynaldo Hahn ( voir émission du 30 janvier).
Anne-Lise Gastaldi fait partie « des lecteurs que la lecture de Proust accompagne toute leur existence » elle a entre autres matérialisé cet amour dans un livre accompagné de 2 CD Marcel Proust Une vie en musique Éditions Riveneuve. Dans le programme de ce soir bâti autour des œuvres que Proust a écoutées et sur lesquelles il a échangé dans sa correspondance, Anne-Lise Gastaldi a choisi de privilégier les partitions de qualité pour piano à quatre mains quitte à ce que le lien avec Marcel soit ténu.
Malgré ou à cause des irritations qu'elle a suscitées chez moi , une grande soirée qui je l'espère aura donné à tous les assistants envie de se plonger dans Proust.
Avec David Saudubray, ils ont bien défendu, malgré un piano fatigué manquant   de brillant dans les aigus, outre les grands classiques de ce répertoire à 4 mains de Schubert et Stravinsky des pièces rarement jouées en particulier les Six épigraphes antiques de Debussy et Le souvenir de Bayreuth de Fauré & Messager.

Un regret, sont mentionnées dans La recherche des musiques dont on n'entend plus une note, ainsi « la Valse des Roses ou Pauvre fou de Tagliafico qu'on devait, selon la volonté écrite, d'Odette faire exécuter à son enterrement ».
Qu'Anne-Lise Gastaldi n'hésite pas , j'ai les partitions déterrées par mes soins à la B.N.!





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