mardi 18 février 2014

11 février L'EMPEREUR D'ATLANTIS de Viktor Ulmmann sur un livret de Petr Kien

.Dans toute l'histoire de la musique peu d'œuvres ont connu d'aussi tragiques conditions de naissance. C'est à Terezin, en 1943 où l'horreur était aggravée par une cynique fonction de propagande et de vitrine que les nazis avait attribuée au camp-ghetto que Petr Kien pour le livret et Viktor Ullmann, compositeur conçurent cet opéra visionnaire. Contrairement à Brundibar, opéra pour enfants de Hans Krasa qui fut donné 55 fois en particulier le 23 juin 1944 devant les visiteurs aveugles et aveuglés de la Croix Rouge Internationale l'oeuvre fut interdite probablement par le conseil juif (il y a peu de temps on a pu voir au Moulin du Roc le film Le dernier des injustes où Claude Lanzmann, l'auteur de Shoah interroge le rabbin Benjamin Murmelstein ).
L'Empereur d'Atlantis ou la mort abdique, raconte l'histoire de l'empereur Überall ( au delà du mur ) qui pour se distraire déclenche une guerre générale entre tous ses sujets , mais surprise, lasse la mort se met en grève... La subversion de de la partition est renforcée par de nombreuses citations de compositeurs classés comme dégénérés et on y caricature même l'hymne nazi. La mise en scène de la talentueuse Louise Moaty sait admirablement faire état du contexte de la naissance de l'œuvre : miradors, tenues des protagonistes en font selon le mot d'une spectatrice bouleversée, comme tout le public, à la fin de la représentation un Opéra Nuit et Brouillard; mais pas seulement, rompue comme la plupart de ses interprètes au répertoire baroque elle sait tenir le fil de la féerie et dans la noirceur  faire entrevoir un « un paysage au voile gris soudain illuminé ».
La distribution est homogène et brillante il serait injuste d'y distinguer qui que ce soit.
Dans la fosse Philippe Nahon , le chef historique d'Ars Nova, malade, a été remplacé avec brio par le chef argentin Facundo Agudin.

En ces temps où sourdent les paroles nauséabondes , où la bête immonde reprend vigueur la résurrection de cette œuvre est salutaire.

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