vendredi 28 mars 2008

ÉMISSION DU 28 MARS 2008


Je dédie cette émission à la mémoire de mon ami Jean Bellot, ancien maire de Melle.
1° SCARLATTI K 206 par SCOTT ROSS 6.23
Andante en mi majeur
Selon de Chambures fait couple avec la 207, mais, comme le dit ma praticienne bordelaise préférée : « On fait comme on veut »



En ces temps où la faillite des idéaux est accentuée par l’âpreté au gain, le goût des honneurs accouplé à celui de l’inaction de nos représentants, la figure de Jean Bellot est une référence pour tous ceux qui veulent encore espérer en la démocratie.

Par amour de sa ville, pour lui offrir ainsi qu’à ses habitants , même les plus modestes, un environnement luxueux, respectueux du passé mais enrichi par les recherches les plus pointues, il était sans cesse aux aguets, à l’affût des expériences conduites ailleurs, des possibilités de financement.
Il regardait avec amusement ceux qu’il appelait les « collectionneurs de porte-clés »
qui cumulaient les mandats ; son absence d’illusion, sa profonde gentillesse lui faisaient poser sur le monde un regard plein de commisération.
Il a su conjuguer avec élégance sa passion de la botanique, des arbres et de sa cité.
Avoir avec lui, en sa compagnie travaillé pour cette ville est un motif de fierté un privilège dont je mesure tous les jours le bonheur que ce fut.
Sa curiosité intellectuelle était insatiable, lors d’une de nos dernières rencontres sur son lit d’hôpital nous parlâmes des avant-gardistes russes, Roslavets, Taneyev..
Il avait le goût des petits maîtres, des plantes rares.

WLADIMIR CHTCHERBATCHOV Noneto avec voix Nelly LEE soprano Solistes du Bolchoï


Je lui aurais sans doute parlé du concert de Plamena Mangova auquel j’ai assisté le mardi 25 à Gradignan.
Notre dialogue aurait pu être celui là, toutes ses remarques sont évidemment teintées de ce ton souriant et illuminées par ce regard pétillant, tendrement, paternellement moqueur :

- Hier je suis allé Gradignan, au théâtre des Quatre saisonS écouter une pianiste exceptionnelle.
- Tu as été te perdre en banlieue toi ?
-Oui ! Ils ont une salle d’une acoustique merveilleuse,
-Aussi bonne que la salle des fêtes de Melle ?
- Meilleure elle est en bois blond et les spectateurs sont en hauteur par rapport à la scène la visibilité y est parfaite.
-Si j’avais encore à faire une salle j’irais la voir.
- L’accueil y est sympathique, et la directrice Marie Michèle Delprat propose une programmation d’une grande exigence artistique
- Tiens tu n’as pas dit que cela changeait de ceux du coin.
- Te fous pas de moi, je fatigue
- Alors ta pianiste elle est jolie ? Là, il se serait carrément moqué de moi.
- C’est pas vraiment le problème, c’est une extra-terrestre comme a dit France, elle ressemble à un Botero.
- Ça a son charme. Qu’est ce qu'elle a joué ?
- Trois sonates de Scarlatti, je ne peux pas te dire lesquelles ils n’ont mis que la tonalité.
- -Ça a dû t’énerver !
- Oui un peu.
- Beethoven de variations sur un thème de Salieri

- Chostakovitch 12 des 24 préludes
- J’aime. Il y a un disque ?
- Oui je te le passerai, Brahms la sonate N° 3
- J’aime moins, mais toi tu as dû adorer ?
- Oui d’autant qu’elle joue cela sans la moindre goutte de sueur, elle ne cherche jamais l’effet inutile et puis elle a ce toucher, cette sonorité qui dès la première note te fait chavirer.
- C’est bien ; tu vas la faire venir à Melle ?
- J’en parlerai à Marc, mais elle est peut-être déjà un peu chère.Demain c’est l’A.G. de la radio, ça me pèse
- C’est pas grave, mon, petit Jacques, il faut se battre
La conversation avec ceux que l’on a aimés, comme celle avec les grands artistes, se rit de la mort.
CHOSTAKOVITCH 3 Préludes extraits des 24 de l'OP.34 PLAMENA MANGOVA

Un tribut à Chopin de 1933.





La campagne électorale pour son deuxième mandat de maire à la radio.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Donc il n'y a pas que Noël Lee, il y a aussi Elle: Nelly.
vous auriez dû dire que la Mangova plafonne à 27 ans. La jeunesse a besoin d'être nommée.
Je tgrouve, dès la première note , qu'elle a assimilé toute la problématique du piano, et qu'elle n'a pas de limites à la technique maîtrisée sans réserve.On est immédiatement devant un océan de possibilités et elle nous les offre au service de sa volonté; elle sculpte, elle travaille chaque son, et le rend comme elle le veut; on entend exactement ce qu'elle a décidé. et ça, c'est rare. elle ne fait aucune économie, trucage, déviance, slalom, elle jette tout pour dire et sculpter le son qu'elle veut.
l'instrument est dominé, parlant.il parle de l'auteur, et pas d'elle ou de ses efforts, ou de ses quêtes ou de ses exploits. elle ravage l'objet piano pour livrer la construction, la dynamique, la verdeur du propos, elle ose parce qu'elle peut tout.
La construction du premier mouvement de la sonate où TOUS les pianistes s'accrochent à un premier passage d'aboutissement pour mieux repartir vers le deuxième sommet qui est en réalité le seul................
! elle a du souffle et nous a menés sans escale vers l'arcature, le projet réel du compositeur.pas d'effets en route, rien qui époustoufle pour se faire valoir le long du cheminement. Elle roule, ravage, et avance.

Pareil pour scarlatti, qui lui a permis de maitriser toutes les ressources de l'instrument qui répondait , docile à ses volontés.
que ce soit du Scarlatti, elle s'en bat les flancs, et nous aussi. c'est un transylvanien, on l'a entendu. Elle ne le connait pas, elle se l'est approprié parce qu'elle l'aime, nous aussi. ON ne peut pas tout connaitre, elle n'a pas fait d'études pour ça; d'autres le font. on s'en fout.
Elle, possède comme nul autre, ce qu(on 'entend rarement.
c'était bien d'être ensemble. cette nana a du souffle. elle a une puissance et un discours qui me parlent. je suis embarquée dans une proposition qui l'exclut, et révèle la substance nue de l'auteur. sans digression, sans distraction, sans mot dire. voilà le résultat.

Madame a dit…

..............merci pour la gravité , l ' humanité de l 'émission du 28 mars...........