mercredi 11 août 2010

JOURNAL D'UN MÉLOMANE EXTRAIT

LES ESTIVALES d'ARTENETRA ...

On ne peut imaginer les estivales d'ArtenetrA sans la chaleureuse et contagieuse passion de Fabrice Gregorutti leur fondateur. C'est autour de lui que se sont rassemblés des vedettes bien connues du public telle Anne Queffelec mais aussi des jeunes personnalités dont le talent est si éclatant qu'il ne pourra demeurer longtemps connu des seuls spécialistes : Romain Garrioud au violoncelle, le pianiste Daniel Heide, le violoniste Denis Goldfeld.
C'est à l'initiative de Fabrice Gregorutti que le festival a eu l'heureuse idée d'accueillir en résidence un compositeur qui a pu ainsi donner de précieux conseils aux élèves des master-classes.
Cette année le compositeur invité, Victoire de la musique 2010, était Philippe Hersant.
Quatre œuvres de ce musicien majeur ont été données lors de cette édition .
Ph. Hersant a été enthousiasmé par l'interprétation de sa sonate pour violoncelle ; il nous a confié qu'à sa surprise sa transcription de son octuor pour violoncelle « sonnait mieux que l'original ».
La qualité, l'engagement, la fougue des artistes ont balayé les préjugés que d'aucuns portent à la musique contemporaine.
CONCERT DU 31 JUILLET ÉGLISE ABBATIALE DE CELLES SUR BELLE
Que ce soit à Saint-Maixent, à Fontenay le Comte ou à Celles, les élégantes églises construites au milieu du XVII siècle par Leduc dit Toscane se caractérisent par une acoustique épouvantable.
Pour les œuvres inscrites aux programmes de la première partie du concert Fabrice Gregorutti a placé son chœur, excellent dans tous ses pupitres, à la croisée de transept pour l'Ave Maria de Bruckner et le Magnificat d'Arvo Pärt ; puis après la Passacaille ( un peu longue) de JK Kerll savamment distillée, par Jean Dekyndt sur le très bel orgue construit par le facteur dacquois Robert Chapuis , au pied de l'escalier monumental de l'entrée pour l'O Magnum Mysterium de Thomas luis de Victoria et le célèbre Miserere d'Allegri.
Ces deux pièces auraient gagné en lisibilité si le vibrato des sopranos avait été moins appuyé.
La seconde partie était consacrée à la " Cantate Et Verbum Caro " de Fabrice Gregorutti .
Comme Giovanni Gabreli près de 5 siècles plus tôt à Saint Marc de Venise Fabrice Gregorutti a, avec une science accomplie, utilisé les ressources offertes par cette église qu'il connaît depuis plus de vingt ans et qu'il aime. Les musiciens sont placés autour de la nef, les chanteurs, parfois en duo sont répartis dans les chapelles latérales et le public est au milieu.
Pas de chef, mais chacun peut observer l'avancée inexorable du temps de la première seconde jusqu'au 43 mn 04 terme de la partition grâce a la projection d'un chronomètre numérique de chaque côté de la nef.
Dès l'introït pour violoncelle seul, on est littéralement cueilli et malgré l'ampleur de la cantate, notre intérêt ne faiblira jamais même si une sono un peu défaillante a desservi la récitante, l'admirable Marie Christine Barrault.
La partition particulièrement exigeante pour les sopranos nécessitait une extrême concentration à laquelle tous surent ajouter une ferveur communicative... ainsi, le public eut le sentiment d'avoir assisté à un événement mémorable.
Cette cantate sera donnée, à nouveau, en décembre 2010 en l'église de la Trinité à Paris.

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