mercredi 18 août 2010

JOURNAL D'UN MÉLOMANE EXTRAIT

Samedi 14 août, à 21 h 30, la pluie a contraint le report au lendemain de la dernière de Norma. Une vague de tristesse parcourut le public à l'annonce du président Mathieu Blugeon, mais peu se firent rembourser, préférant, en cas d'impossibilité, faire bénéficier de leurs places, des proches, des amis. C'est à de telles pratiques que l'on peut mesurer l'attachement et la fidélité d'un public à une manifestation.
Norma est l'opéra qui exige la distribution la plus problématique.
Michel Léiris, dans « Operratiques» citait Carlo Maria Giulini, le grand chef d'orchestre italien : « Si la musique de Bellini est si difficile à chanter ce n'est pas tant parce qu'elle exige une grande maturité qu'en raison de cette pureté extraordinaire qui fait que peu d'interprètes peuvent s'élever à un pareil niveau. »
Dans le même article, il rappelait qu'en 1964 à l'Opéra de Paris, lorsque Maria Callas chanta Norma, il y avait « énormément à critiquer sur le plan musical ». Ce n'était pas le cas à Sanxay.
La direction musicale de Didier Lucchesi était extrêmement claire, précise, articulée. Le choeur rassemblé par Stéfano Visconti , chef de chœur de l'opéra de Monte-Carlo, en particulier chez les hommes, était parfait.
Sorina Munteanu fut musicalement impeccable dans l'impossible rôle de Norma, tant dans le terrible Casta diva, probablement l'air le plus célèbre de l'opéra italien, que dans ses scènes avec Géradine Chauvet, éblouissante Adalgisa, et la très belle Marianne Crébassa, émouvante Clotilde.
Norma est un opéra qui repose beaucoup sur les duos entre femmes et il est regrettable que ne profitant pas d'interprètes d'une aussi exceptionnelle qualité, le metteur en scène n'ait pas su quitter une banale mise en place hiératique pour arriver à une véritable théâtralité.
Nous avons appris que Pollione, Thiago Arancam était souffrant ce soir là (40° de fièvre). Ceci ne nuisit pas à sa prestation, bien au contraire. Cela renforça même le côté un peu falot-phallo du personnage.
Le souhait des organisateurs est de monter Carmen l'an prochain.
Espérons que ce projet ne sera pas entravé par les hésitations des financeurs publics qui n'ont pas à rougir d'affecter une partie de nos impôts à cet art authentiquement populaire qu'est l'opéra. Un coup d'œil sur la diversité du parc automobile jouxtant l'amphithéâtre en était la preuve patente.

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